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Cela fait déjà un moment que je souhaitais présenter ces disques assez éloignés de la culture club que l’on traite régulièrement sur Boing Poum Tchak!. Ici point de grooves detroit-house, electro, ou deep-techno dubby. Non. Plutôt un petit éclairage sur des genres complexes, moins accessibles, qui décapent les oreilles et laissent entrevoir de nouveaux horizons, loin des sentiers balisés et réguliers que nous sommes habitués à emprunter, cristallisés par quatre albums atypiques aux contrastes dubstep, ambiant, weird et neo-classic.
Neil Landstrumm – £20 to get home
Extrait de l’album :
Lord for £39 (planet mu)
Roi de la techno un peu zarb et crade des 90’s (sorte d’alter ego de Christian Vogel), Neil Landstrumm revient avec un pur album dubstep foutraque (logique), expérimental, et surtout bien trippant, même pour nous, observateurs outre-manche de ce genre pas encore bien assimilé dans nos contrées. Petite parenthèse : les anglais ont toujours eu le chic pour créer des styles musicaux aux rythmiques syncopées, dont le succès et l’engouement n’ont jamais réussi à enflammer les foules, une fois le Channel traversé. Après la Jungle, la Drum’n’Bass, le Uk-Garage, le 2-step, le genre à la mode qui “déferle” depuis 2,3 ans s’appelle le dubstep, sorte de (s)low-jungle dark aux accents ragga synthétiques (pour simplifier, car depuis ses débuts, le genre ne cesse de s’étoffer en s’ouvrant vers nouveaux territoires, voir de nouvelles terres inconnues). Contrairement aux styles pré-cités, il se pourrait même qu’un jour nous arrivions à en assimiler une version peut-être un peu plus recadrée, mais gardant le même esprit beat-breaké et expérimental, grâce à des gens venus de la techno pure et dure comme Surgeon qui s’efforcent de créer des ponts entre ces deux genres (le meilleur exemple récent est la suite de remixes pour Scuba sur le label Hot Flush). Bon bref revenons à nos moutons ou plutôt nos brebis dépravées. Sur cet album, le Lord Landstrumm redessine les contours de ce genre trop souvent calibré dance-floor, un peu monotone, en s’inspirant d’un esprit à la Rephlex, barré, expérimental et ludique dans ses propositions sonores et délires déstructurés. Et même si nous ne comprenons pas tout (on est chez Planet Mu, donc pas de panique :-), ce disque reste sans hésitation l’un des trucs les plus excitants de ce début d’année.
Benge – 1976 yamaha cs80
Extrait de l’album :
Twenty systems (expanding)
“Alors là, tu vas trop loin dans le trip geek mec” m’auraient certainement soufflés Jean-Philippe et Ghislain, mes potes de sorties, si je leur avais mis un petit extrait de cet album lors de nos mémorables befores. Et bien je dis non ! Car outre ma fascination pour la technologie analogique (“c’est beau, ça sonne, yeah!”) cet album (qui au passage a déboité Brian Eno), à la fois anthologie des synthés analogiques et pièce expérimentale vraiment très intéressante, est avant tout un pur moment d’Histoire. Je m’explique. Le petit père Benge, mordu de technologie antique, a retracé 20 années de synthèse sonore sur 20 titres, en choisissant de composer chaque track uniquement avec le synthétiseur le plus représentatif de l’année explorée. On commence en 1968 avec le Moog Modular, en passant par le Roland SH2000 en 1973, au Korg Trident de 1980, pour finir par le Kawai K5m en 1987. C’est excellent, un peu spé, mais vraiment essentiel pour comprendre comment (en partie) la synthèse sonore a évolué durant l’avènement des musiques purement électroniques. Quasi-encyclopédique et ludique !
Evil Madness – Buona fortuna alla fatica dello schiavo
Extrait de l’album :
Demoni Paradiso (12 Tónar)
Ce qui a retenu mon attention à la description promo de ce disque, c’est qu’il regroupe une collaboration avec BJ Nilsen, un gars du Nord (non pas un chti, un gars du Grand Nord pardon, la Suède pour être exact) connu pour avoir largué des pièces ambiant très profondes notamment pour le compte du label Touch. Alors la pochette est horrible, le livret qui va avec je ne vous en parle même pas (montage de photos amateurs sorties des 90’s, couleurs flashy, dessins qu’on aurait emprunté à un groupuscule d’adolescents satanistes, etc…) oulala mais où sommes-nous tombés ! Il est vrai que les morceaux issus de cette collaboration entre cinq artistes Suédois (dont Bj Nilsen) a de quoi surprendre. Ambiance film d’horreur 70’s italien, gros synthés analogiques sales et arpégiés… Il y a un peu de ménage à faire mais une poignée de titres valent vraiment le détour. Comme cette farce psychotique au paysage constellé de diables sortant de leur boite pour effrayer les passants perdus dans un parc d’attraction à l’abandon, à la tombée d’une nuit sans fin. Et puis la frayeur laisse place à la béatitude et à l’étrange beauté calme d’une nappe nocturne, qui nous enveloppe et nous entraine au delà de toutes les frontières (Alonso galaxy). Il s’agit ici d’entrer dans un univers différent, aussi bien par son déroulement, que par ses sonorités “biaisées”, pas vraiment en vogue en ce moment. A réserver tout de même à un public averti ;-).
Christian Naujoks – Light over the ranges
Extrait de l’album :
Untitled (dial)
Attention, cet album, bien que signé chez dial, n’est pas du tout dance-floor.
Alala. Je dois dire que j’ai ce disque depuis deux mois ou plus et je n’ose jamais l’écouter. Je ne sais pas vraiment pourquoi. J’ai peut-être un peu peur de ne pas l’apprecier, car à première vue c’est bien foutu (dans le genre neo-classical) avec du piano (des petites pièces de 2 minutes, assez minimalistes), des mallets à la Steve Reich, quelques pizzicati de violons et de flutes matinales, des experimentations de voix d’homme, un finish façon folk-noise… J’ai eu envie d’aimer ce disque, mais honnetement je n’y suis pas arrivé. Un côté peut-être trop arty pour moi. Ouai. Je n’aime pas quand on doit questionner la musique, demander des explications sur le pourquoi du comment. Si on ne ressent rien, pas besoin de longues théories, on passe à autre chose. Ici j’ai trop l’impression de me retrouver dans un musée un peu monotone, obligé de m’interoger sans cesse sur le genre de discours “intellectuel” que peut cacher ce type de son (/concept). A l’exception du track Light over the ranges (que je trouve même un peu long) rien ne m’a vraiment convaincu. Un peu trop froid et distant pour moi.