Talkin’ all that Tsugi night
Arrivé vers minuit, la piste de danse semble déjà bien agitée. Qui est responsable de la mouvance ambiante ? Oh ! Ne serait-ce pas un couple bien connu sous l’ère electroclash qui parle de refaire un album ensemble ? Oui, ce sont bien eux : Miss Kittin et The Hacker nous ouvrait les bras d’une nuit à la perspective dantesque, mode chair de poule / canibal-shoes / et accélérations soutenues du palpitant. Dire que l’ambiance à cette heure-ci était juste posée relève alors du grave euphémisme. En effet : ça envoie déjà du très lourd. Electro breaké, foutraque, remontée à la testostérone red bull(et) versant techno dark ebm, trafique illégal de vocaux détraqués pour vox populi en immersion totale, et tempo décalqué, déboîtant les plus récalcitrants par de lourds plaquages New-Beat. Bref un set varié, serré comme un bon café, à leur image (robuste, accompagné par de petits passages synthetic-pop presque naïfs), tip top, une conclu en forme de petite piqûre de rappel (leur dernier maxi ensemble « Hometown », sorti cette année) et un petit flash-back (Taxi Girl – Chercher le garçon) histoire de léguer la jachère en bonne et dûe forme aux STARS of ze night, ceux pour qui le tout-paris est pris, à chacune de leurs apparitions, d’excitation incontinente (et que le monde entier nous envie) : le duo Justice ! Bien sûr !
Alors que dire sur le set ? Et bien je pense qu’il n’est pas nécessaire de détailler trop ici, au vu du nombre impressionnant de photographes, cameramen, et perchistes qui ont filmé les douze (nan plus que ça !) disques de nos Hercules (mi-hommes mi-dieux) durant cette heure et demi qui a semblé paraître à la fois bien longue et très courte pour la majorité du péplum en émoi devant le rouleau compresseur (c’est le cas de le dire ici !) du binôme le plus en vogue du moment. Courte parce que quand c’est (très) bon, ça passe vite et longue parce qu’à la fin, beaucoup ont certainement du finir sur les rotules au vu des gesticulades inarticulées provoquées par la transe de ce marathon disco-dirty punk-rock-techno-grrr-oldies dance hautement énergiques. So exhaustive ! Pour preuve, la folie qui a poussé cette jeune demoiselle (surnommée le « moustique » par des compatriotes à coté de moi – certainement à cause de ses lunettes « technoïdes » d’une autre époque) qui après avoir rappelé à St Guy qu’il n’était peut-être pas le patron des danses les plus « freaks » sur une scène de club, s’est vu tirée de son trip par un gentil videur, mais pour peu de temps me direz-vous, car la cascadeuse a alors pris le pari fou de se jeter dans l’assistance, sans préambule, sans sommation. Heureusement pour elle la foule était bien dense, ce qui lui a évité de finir dans le top ten des videos les plus visionnées de You Tube, celles où les pires incidents arrivent à de pauvres « innocents » (on se rappelle de ce guitariste de punk-rock qui après un solo de guitare mémorable pour sa courte carrière, décide de sauter dans l’assistance et de se faire porter en héros. Malheureusement la foule s’écarte et le pauvre finit d’une bien triste façon en pièces détachées sur le floor).
Popopoo. Oui après avoir ingurgité quelques substances de houblon, la nature reprend ses droits : il est temps de mettre entre parenthèses un instant cette folle vie noctambule pour une remise du kilométrage à zéro. Mais où se trouvent donc les toilettes (où doivent jouer normalement un groupe : Toilet Disco). M’extirpant péniblement de la foule devenue collante et un peu poisseuse, je me retrouve dans le hall et décide de suivre mon instinct : les gogues c’est toujours en bas. Alors c’est parti. Et la mince ! Quel ne fut pas mon étonnement ! Je mets 30 secondes à réaliser que les toilettes ne sont pas ici, mais qu’il y a par contre une sacrée ambiance ! (je demande même confirmation à un jeune gars bien poli : « nan mon pote c’est pas les pissotières disco ici, c’est Paul Riche ! »). Oui alors la filiation entre Paul et Claude est loin d’être établie puisque le jeune gaillard en question s’appelle en réalité Paul RITCH. Il termine son live sur un morceau bien plaisant, sorte d’électro dark minimal bien flippante avec ses montagnes russes de violons ivres qu’on croirait tout justes rescapés d’un bon vieux Hitchcock (« Nordbanhof »). Puis c’est au tour du marseillais Danton Eeprom, coiffé d’un chapeau haut-de-forme très 1900’s, de prendre la suite avec brio. Malheureusement, la nature m’averti que cette fois-ci la montée des eaux menace sérieusement ma digue physique et mentale. Comme chantait Philippe Katerine « Je suis borderline ». Ouf, le toilettes sont justes à coté. Mais toujours pas en vue ce fameux duo protéiforme, mélange de Monsieur Propre, Mikeline (« Merki ! ») et Larry Levan version Paradise Garage. Pas de musique de chiottes donc, en total adéquation finalement avec l’ensemble de cette fort sympathique soirée.
Je remonte au rez-de-chaussée, puis encore d’un étage, après avoir rencontré deux, trois connaissances, je retrouve mon copain M. complètement débraillé en train de mixer avec sa bande de saltimbanque. (Ah oui déso pour Fluokids, mais j’ai zappé au début, plutôt occupé à parader et à remercier Angelo pour cette première bière fort bien venue, et appréciée à sa juste valeur).
Alors alors ! Et bien on peut tout simplement dire que l’amicale des djs de Get the curse ont bien nettoyé à sec les énergies de danseurs tout aussi friendly, voir un peu plus que ça au vu de l’attitude fort aguichante de certaines groupies (on peut supposer des fidèles parmi les fidèles des soirées organisées par Clement Meyer, Oli, Mikhaïl et Ed, également tenanciers du blog éponyme qui en impose). Merci messieurs pour cette entente collégiale (même si elle est toujours non-mixte), pimentée par de chatoyantes secousses electro-house rugueuses.
On repart un petit coup pour la fin du set de Justice au rez-de-chaussée, sur leur tube (parmi les autres) Never be alone, enchaîné avec le Stardust, puis breaké sur un morceau old-school big-beat trash de Prodigy.
L’enchaînement se fait d’une main de maître par « notre père à tous », notre parrain, le big babou de la jungle électronique, Lord Laurent Garnier pour un set comme à son habitude, certainement aux tonalités vives, riche, intriguant, éclectique et friendly (oui encore une fois, à cette soirée, on était tous des copains – cf. « We are your friend »). Je bouge, je me dis que demain il y a du taf, que c’est peut-être le moment de revenir à la réalité, de repartir sur des bases saines après ce bon décrassage des oreilles et des jambes. Et puis, et puis, allez, un dernier petit crochet chez quelqu’un que je ne connaissais que de nom (un peu lointain) l’une des dernières pousses du fre(n)sh label Institubes, je veux parler ici et maintenant de Surkin, bien entendu.
Jeune et dynamique, le ptit gars assure sur un mix « total mash-up » sur Ableton live, agrémenté de quelques touch’ beat repeat, chers au « mentor » de la bande Institubes : Para One. Le jeune homme balance du lourd, du fat, du dirty, ultra cuté dans la mouvance actuelle, et enchaîne les morceaux (sans casque forcément) à la vitesse d’un Lucky Luck sous amphètes chinoises. (Probablement) une de ses compo bien spécifiques enchaînée avec l’Astral dream tiré du premier album de Garnier, puis compacté sur un morceau à la Justice très cut, etc… Le tout en moins de 5 minutes ça va très vite et c’est costaud, head-bangin’ aux avant-postes du dance-floor, les bras en l’air, la tête basse, le corps en alerte permanente, soumis totalement aux ondes hypnotisantes de cette musique qui pourrait parfaitement faire office de bande son d’un documentaire de propagande d’une secte type Témoins de Jéhovah, tellement son emprise est puissante sur nous. Difficile donc de quitter cette piste, ce sous-sol, mais il le faut. La batterie de mon oeil numérique va bientôt diagnostiquer ses derniers bits, il est temps de reprendre le chemin d’une vie normale et somme-toute banale.
Rentré à 4h, après quelques courtes errances et une douche bien salvatrice, je termine ce petit report que je publierai bientôt. Il est 5h23, le temps de me diriger tranquillement mais sûrement vers la dernière étape de cette nuit fort agréable : la couette accueillante et salutaire d’un lit qui ne cesse de me réclamer depuis que je suis revenu (je le sens).
En attendant la suite des aventures, voici 20 minutes (en deux parties) d’extraits vidéos qui rappelleront de (bons) souvenirs à certains et permettra aux autres de se la jouer « place to be » même si vous n’y étiez pas pour cause de flemmardite aiguë. Vous SAVEZ maintenant ce que vous venez de louper.
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