Avec la Coupe du Monde de football cette année, l’évènement planétaire numéro 1, l’Afrique du Sud a été au coeur de l’été, portée par ses vuvuzelas assourdissants et le “tube” de Shakira “Waka Waka” martelé à coup de burins radiophoniques et télévisuels sur tous les média et dérivés (sonneries de portables, jingles pub, etc…). Au passage, signalons qu’il est quand même grotesque d’avoir filé l’hymne officiel de cette compétition organisée pour la première fois sur le sol africain à un gros trust managé par des majors, en ayant pris une américano-colombienne (comprenez une non-blanche) pour faire passer un peu mieux la pilule. De plus, l’affaire a pris une tournure vraiment honteuse quand on a su que Waka Waka avait été pompé sur une chanson du groupe camerounais Zangalewa. Ca nous rappelle un peu l’histoire de la Lambada en France il y a une vingtaine d’années.
Mais cet été chez Boing Poum Tchak!, l’ambiance était légèrement différente. Car pour moi, le tube de l’été (appellation désormais ©opyrightée) est bien en toute logique sud-africain, mais produit et interprété par des sud-africains de talent, dénichés et compilés par l’excellent label londonien Honest Jon’s (une maison couillue, puisqu’elle sort aussi bien des disques de Candie Staton, Tonny Allen, Bonnie Prince Billy, Moondog, en allant jusqu’à des pointures expérimentales comme T++, Moritz Von Oswald Trio ou encore Actress en 2010). Et l’une des grosses surprises de cette année vient de l’édition de cette compilation Shangaan Electro – New wave dance music from South Africa, sélectionnée en partie par le légendaire Mark Ernestus (Maurizio, Basic Channel, etc…).
Les Shangaan (appelés également Tsonga) sont une ethnie vivant principalement en Afrique du Sud (et au Mozambique). Comme l’explique le producteur de ce disque, Richard Nozinja, le Shangaan electro a un tempo extrêmement rapide, autour de 180 bpm, et utilise comme éléments principaux des sons de marimba, quelques toms, et des samples de voix bricolés. Le tout en mode lo-fi. Le résultat est parfois surprenant, voir époustouflant, comme avec ce titre de Zinja Hlungwani – Nwa gezani my love, sans conteste l’hymne de l’été 2010, à des kilomètres des autres “tubes” préformatés et surmarkétés qui nous explosent les tympans chaque fois que nous les subissons. Je vous laisse (re)découvrir cette perle brute, accompagnée de son clip également lo-fi (le fond d’écran digne de Windows Millenium en background, il fallait oser), au charme absolument irrésistible ! Enjoy !