Depuis le 25 juin dernier, et jusqu’au 8 novembre 2009, le Musée des Arts Décoratifs présente l’exposition Musique en jouets autour de 120 jouets musicaux – du XVIIIe siècle à nos jours – et d’installations sonores (dont le surprenant Opéra pour 100 lapins communicants). L’occasion de replonger dans notre enfance avec un peu de nostalgie pour tous ces instruments à l’esthétique naïve et aux sonorités définitivement kitsch.
Je me souviens d’un reportage de l’émission Tracks sur Arte il y a quelques années. C’était à l’époque de « la nouvelle french touch » minimale-house française, gravitant autour de la structure Katapult / Karat. On y voyait Krikor allant dans un bric-à-brac bordélique, qui s’avérait être en fait l’atelier d’un artiste qui customisait des jouets pour enfants, afin de les rendre pilotables et synchro dans une configuration home-studio. Krikor avait choppé un espèce de mini-mégaphone rouge d’où sortait des sons biscornus et barrés, parfait pour une intégration dans ses lives déjantés.
Comme quoi l’adage selon lequel « tous les artistes de musiques électroniques sont restés de grands enfants », à prendre toujours autant de plaisir à tourner des boutons et triturer des sons, reste d’actualité.
Et c’est un peu dans cet esprit que le Musée des Arts Décoratifs de Paris a réuni une centaine de jouets musicaux de toutes époques : des hochets du XVIIIe siècle, des fanfares, en passant par des livres audio, jusqu’aux toy-synthés et leurs mélodies pré-séquencées… Tout y est !
Alors bien sûr, ce qui intéressera le plus les lecteurs de ce magazine sont ces « machines » électroniques, véritables cadeaux empoisonnés pour les parents qui doivent subir pendant des heures les expérimentations ô combien artistiques de leurs bambins en culottes courtes.
Parmi la sélection on repère un Casio VL-TONE au look des drum-machines Roland avec lecteur de code barres (!), utilisé par des musiciens aussi pointus que Sting, Stevie Wonder, les Beastie Boys ou encore Devo :
Mais aussi bongos électroniques, montre-piano, magnéto à K7 Fisher Price, guitare électronique ainsi que guitare-synthé, kiddy ghetto-blaster de poche, mini-orgues, voice-recorder à cellulose… et le mythique Speak and Spell (La Dictée Magique en français) et son grain low-fi samplé notamment dans de nombreux tracks électro-pop, lancé à la fin des années 70 par Texas Instruments :
Autour de cette collection on retrouve aussi deux installations sonores. La première est proposée par Pierre Bastien (également compositeur émérite signé chez Rephlex, excusez du peu !). Intitulée Play Meccano Play, il s’agit d’un mouvement perpétuel autour de pièces d’assemblage de Meccano et d’éléments détournés du quotidien (ciseaux, théière, brosses…). Intrigant et plutôt fun !
Mais l’instant le plus magique se trouve à la fin du parcours, dans un recoin assombri comme une salle de spectacle : Nabaz’mob, l’Opéra pour 100 lapins communicants.
Créé par Jean-Jacques Birgé et Antoine Schmitt, cet opéra de 23 minutes est diffusé par des lapins communicants (les Nabaztag) jouant la même partition avec un décalage de 1 à 10 secondes aussi bien sur le plan sonore que visuel (car ils changent de couleurs et bougent leurs oreilles).
Dommage qu’un ou deux lapins ne furent plus en état de marche ou un peu trop décalés par rapport aux autres lors de mon passage. Sinon, ce spectacle automatisé est une véritable attraction cybernetico-féerique presque mystique, vraiment passionnante.
A découvrir au :
Musée des Art Décoratifs
107, rue de Rivoli (75001 Paris)
Métro Palais Royal
Site Internet :
Info complémentaire :
Gratuit pour les moins de 26 ans