A quarante ans passés, Neil Fraser alias Mad Professor reste une figure incontournable de la scène reggae-dub mondiale. Après avoir remixé bon nombre d’artistes de renoms comme Massive Attack, The Orb, Depeche Mode, Jamiroquaï ou encore les Beastie Boys, il produit toujours autant pour lui et pour les autres, dans un grand esprit de partage roots. Rencontre avec l’un des parrains dub les plus enfumés et géniaux de sa génération.
D’où vient ton nom, Mad Professor ?
A l’age de huit ans je construisais beaucoup d’appareils électroniques comme des postes radio. J’adorais vraiment cet univers de bricolage. Et pour les autres enfants, j’étais considéré comme fou à cause de ça. D’où mon surnom déjà à ce moment là.
Tu es né au Guyana. Quand as-tu quitté ce pays et pourquoi ?
J’ai du partir avec mes parents à l’age de 11 ans pour émigrer à Londres. Je me suis adapté assez rapidement à ce nouvel environnement.
Pourquoi avoir choisi de faire du reggae-dub, plutôt qu’une autre musique ?
Parce que le reggae est la musique de la réalité et de la condition sociale.
Tu as produit beaucoup de remixes pour des artistes vraiment éclectiques. Qu’est ce que cela t’a apporté ?
Les gens venaient me voir parce qu’ils avaient besoin d’un mix et voulais travailler « with cool vibrations ». Partager des choses est vraiment l’une des choses qui m’anime le plus.
Tes mixes pour Massive Attack ou les Beastie Boys t’ont-ils permis de t’ouvrir à un nouveau public ?
Tout à fait, mon public a changé presque du jour au lendemain.
Qui rêverais-tu de remixer ?
Withney Houston. Lauryn Hill. Earth Wind and Fire.
Prends-tu toujours autant de plaisir à faire de la musique ?
Yeah ! Toujours autant. Un plaisir énorme.
Tu ne penses pas avoir fait le tour de cette musique ?
Non. Tu peux toujours te servir de la technologie, de nouveaux effets par exemple. Tu es juste limité par ton esprit.
Que penses-tu des nouvelles technologies ?
Je me tiens au courrant de tout ce qu’il se fait, que cela soit analogique ou numérique.
Que pense de l’electronic dub music ? Connais-tu les gens comme Maurizio, Rythm and Sound ?
Pour moi le dub c’est le dub. Je ne fais pas de classification. Mais je ne connais pas vraiment cette scène dub électronique.
On dit la scène dub française très active, avez-vous déjà collaboré avec des artistes de l’hexagone ?
J’ai travaillé avec quelques artistes français comme Pupa Leslie / Gomjabar dans les années 90. Mais aussi Princess Erika, Massillia Sound System quelques autres.
Quel a été l’événement marquant de ta carrière ?
Je crois que le moment clef ça a été d’entendre mon premier disque à la radio.
Beaucoup de gens te présentent comme un artiste très productif, pour qui une journée de travail est une journée perdue. As-tu des sorties de prévues cette année ?
Oui, pas mal. Notamment l’album de Max Romeo qui s’intitule « Queen Omeda » et je travaille sur un mix, ainsi qu’un album « Mad Professor make revolution will be dubwise ».
Qu’est ce que tu préfères : remixer, produire, ou jouer live ?
J’aime tout. J’ai vraiment besoin d’exercer toutes ces activités.
Tu étais au Batofar l’année dernière au mois de juin : bonne expérience ?
Oui c’était vraiment bien, dans toute la salle des visages souriants… vraiment une très bonne atmosphère.
Comment tu sens la soirée de ce mois-ci ?
Je ne sais pas, je n’aimes pas trop parler de ça avant mais je penses que ça peut être très fun.
Maintenant tu vis à Londres avec un temps souvent pluvieux : le pays ensoleillé de ton enfance ne te manque t’il pas ?
Non tu sais Londres est tous ce que je connais. Et je t’assure, il ne pleut pas tant que ça ! (rires).
As-tu réalisé tous tes rêves ?
J’ai fait de la musique aussi bien dance-floor que plus spirituel ou politisée. En tant qu’homme noir, je pense qu’il y a toujours beaucoup de travail à faire pour toujours faire évoluer les mentalités. Je mens sens obligé de faire changer les choses. Je travaille pour ça.
Initialement publié dans le Batofar magazine