L’un des plus brillants artiste de notre époque, Matthew Dear, connu aussi sous son alias Audion, était de passage dans la capitale samedi 18 Février pour une journée marathon (Elysée Montmartre, Batofar) débutant par un live à la Fnac. Un précieux moment, où l’américain a démontré, une fois encore, un potentiel incroyable, véritable dynamite en barre qu’il nous tarde de retrouver dans ses prochaines sorties.
Cela commence à faire un bout de temps que l’on parle de lui. On ne peut plus vraiment dire aujourd’hui que Matthew Dear est une “révélation”, mais un artiste à part entière, presque installé. Celui qui définit Audion par “un assaut sonore et sensoriel sur le corps et l’esprit” nous a effectivement retourné nos sens dans toutes les directions cette après-midi dans un lieu un peu “différent” des clubs où il à l’habitude de se produire. Son live, diablement mortel, se présente sous la forme d’un ordinateur, ableton live, d’une table de mixage allen&heath xone:95 nouvelle génération combinant l’audio + midi, et d’une platine cd. Voilà l’arsenal du killer, personnage au son si atypique, sorte de guide irréel transportant âmes-qui-vivent sur le Styx d’un monde inconnu, médium definitely underground doté d’une force irrésistible pressant le pas de ses invités dans sa propre demeure pour y danser en compagnie des spectres et autres fantômes si chers à ce dernier. Car malgré la spécificité du son d’Audion, expérimental au grain unique (on reconnaît tout de suite la patte de ce Stakhanov explorateur des nouvelles structures sonores et paysages synthétiques barrés), le potentiel dance reste incroyable et tous les éléments de sa musique jettent les fondations d’un véritable univers magique, abstrait, violent, “agressif et cru” (selon Matthew) qui touche autant notre inconscient à la découverte d’un synopsis Lynchéen, qu’il nous donne envie de danser jusqu’à l’exultation, reflet d’une catharsis psychédélique moderne et universellement transmise. On comprend alors le son à sa manière, certains essayant de le décrypter, d’autres se laissant aller face à la force d’évocation de ces amas abstraits et sourds sortis de nulle part, exploitant à plein régime ses propres souvenirs et sa propre culture pour rattacher cette matière à quelque chose de connu, mais non, effectivement, ici les règles ne sont plus tout à fait les mêmes.
Pour résumer, dans ce temple de la consommation ouvert à tous les publics, Matthew Dear aura pendant une heure, fait remuer des têtes, bouger quelques corps, provoqué curiosité et chuchotements (“ça sort d’où tout ça ?” ; “waouh je lui emprunterai bien sa table de mixage” etc.), et même suscité lors du “mini-break” les cris d’une foule hétéroclite rassemblée pour quelques minutes autour d’un même concept (tellement simple qu’il a tendance à trop souvent se perdre) : l’amour et le partage de la bonne musique. Tout simplement.
Un album est prévu pour 2006 (on ne sait pas encore sous quel alias), on vous prédit juste qu’il sera encore meilleur que le précédent, au vu de la qualité d’exécution que nous venons de vivre. Notre “chouchou” nous promet encore de bonnes surprises (le prochain mix Fabric 27) et de très grosses émotions en perspective. Keep on waiting!