Pour ce premier numéro de Boing Poum Tchak!, Sety vient nous parler du label Circus Company, de son parcours, et de l’avenir des musiques minimales.
Peux-tu raconter la naissance de Circus Company ?
C’était il y a 5 ans, on était 3, Freak, Kean, qui n’est plus là maintenant, et moi Sety. On a sorti la première référence début 2002 avec Kean, Kead, Freak, et Ark.
Comment vous êtes vous fait connaître ?
On a envoyé nos disques aux labels, aux artistes que l’on appréciait vraiment. Des gens comme Luciano, Ricardo Villalobos, Herbert… avec qui on est devenu bons amis.
Comment pourrait-on définir la spécificité du son minimal Français ?
Je crois que l’on peut dire que c’est assez proche des productions d’Ark et Mr Oizo : de la distorsion, du sample, un pied, le tout brassé dans un ensemble ” Dirty-Funk “.
Où se vendent les disques du label ?
On exporte principalement en Allemagne. Ils n’ont pas la même culture que les Français, ils achètent beaucoup plus de disques que nous et leur marché est plus développé. Presque la moitié de Circus se vend Outre-Rhin. Après viennent la France (principalement chez Katapult), sur nuloop (magasin de disques sur le net) aux Etats-Unis, etc…
Combien d’exemplaires produisez-vous à chaque nouveau maxi?
Environ 1000 ex. par sortie, et 1500 pour Ark, avant de represser.
Chez Circus, ne vous manque-t-il pas un “tube”, pour amener plus de monde ?
Ce n’est pas le but de faire des tubes absolument. Il y a des mecs qui en font, mais en même temps, je ne crois pas que cette musique veuille devenir populaire. Je crois qu’au final ça restera toujours un peu underground. Mais ce n’est, une fois encore, pas le but de cette musique et l’on peut dire que c’est l’une des marques de son intégrité.
Est-ce que l’on pourrait entendre du son électro sur circus ?
Ouai pourquoi pas, il y a des trucs qui sonnent vraiment bien, même si je trouve que c’est un peu formaté, et que ça tourne toujours autour de la même chose.
Quelles sont tes influences ?
J’ai d’abord commencé par écouter du hip-hop, notamment old-school, et du jazz. Ma première claque électronique fut la découverte d’Ark sur le maxi Trankilou (duo avec Pépé Bradock).
Après tes propres maxis, tes remixes (dont notamment celui pour Robert Hood), tu penses peut-être à la préparation d’un album ?
Oui, je vais sortir encore quelques trucs, afin de préparer le terrain pour sortir un album d’ici un an.
Que penses-tu du peer to peer ? Crois-tu que c’est bénéfique, ou au contraire que cela peut faire du tort aux petits labels ?
Pour nous c’est vraiment un outil de promo avant tout. C’est aussi grâce à cela qu’un artiste comme Ark peut aller jouer dans des pays comme l’Australie, l’Indonésie, en Amérique du sud… Tant que tu ne retrouves pas les morceaux sur Internet avant que le disque sorte, ça va. C’est plus un moyen de faire écouter ton son à des gens qui n’auraient pas forcement eu l’occasion de le dénicher en vinyle. Mais nous avons trouvé un distributeur en ligne et nous prévoyons de vendre nos morceaux aussi par ce biais la. On verra, si ça marche, c’est toujours bon à prendre… (rires)
Ecoutes-tu la radio ?
Pour ma part, c’est très rare que je l’écoute, sauf lorsqu’un pote joue, genre sur Libertaire, mais sinon rien d’intéressant. Mieux vaut checker les webradios qui te donnent vraiment des possibilités comme betalounge.com par exemple.
Crois-tu qu’en France quelqu’un peut devenir le nouveau John Peel (dj sur BBC radio) à l’heure actuelle ?
J’aimais ce qu’il faisait et sa mort fut très triste. Je lui avait même envoyé mes disques deux semaines avant son décès. Pour revenir à la question, dans ce pays il n’y a jamais vraiment eu de programmateur de sa trempe car, surtout maintenant, il n’ y a pas la plate forme pour le faire. Les décideurs ne sont pas motivés et c’est regrettable. Aujourd’hui en France, faut pas s’imaginer qu’il va y avoir une explosion, qu’il va se passer quelque chose.
Ton point de vue sur le futur des musiques minimales ?
A mon avis, elles vont perdurer dans le temps. Il y a un an je me disais que ça aller passer à autre chose, mais je pense que c’est vraiment un truc qui va rester comme le jazz, avec des petites excursions dans d’autres univers… Quelques concessions vont se faire, ça arrive petit à petit. Même si cela reste assez underground, on commence à retrouver le grain dans d’autres styles de musiques et plus ça va aller plus ça va s’élargir.